J’ai récemment décidé de taper à l’ordinateur le texte intégral du roman Le triangle d’or de Maurice Leblanc. Cliquez ici pour lire l’article que j’avais écrit alors.
J’aime l’attention aux détails qui donne l’impression que les personnages sont réels. Par exemple, au sujet d’un personnage amputé d’une jambe, on lira : « Et prenant sa canne, il partit, comme il le disait, du pilon droit. »
Lire Le triangle d’or me donne l’impression de revivre une chasse aux trésors de mon enfance. Voici une clef, mettons-là dans notre poche; plus tard devant une serrure on la sortira instinctivement. Voici un indice incompréhensible, gardons-le pour plus tard; une situation prochaine l’appellera à notre esprit. Le texte me tient en haleine.
Autre détail, que je ne remarque probablement que parce que j’ai déjà lu le roman : le motif du nombre deux. Souvent, deux personnages sont décrits en rapport l’un à l’autre, et ce dès le deuxième paragraphe :
Un peu avant que sonnât la demie de six heures, comme les ombres du soir devenaient plus épaisses, deux soldats atteignirent le petit carrefour, planté d’arbres, que forme en face du musée Galliera la rencontre de la rue de Chaillot et de la rue Pierre-Charron.
L’un portait la capote bleu horizon du fantassin ; l’autre, un Sénégalais, ces vêtements de laine beige, à large culotte et à veston cintré, dont on a habillé, depuis la guerre, les zouaves et les troupes d’Afrique. L’un n’avait plus qu’une jambe, la gauche ; l’autre, plus qu’un bras, le droit.
Deuxième et troisième paragraphes du roman
On remarque aussi deux interlocuteurs qui conspirent, deux moitiés d’améthystes, deux héros de guerre, etc. J’ai réalisé la récurrence du nombre deux en recopiant cette phrase : « Les deux faits annoncés par les deux interlocuteurs n’appartenaient-ils pas à la même machination ténébreuse ? » On retrouve ici, comme avec les moitiés d’améthystes, deux éléments qui s’assemblent. Maintenant que j’ai remarqué le motif du nombre deux, je le retrouve partout! Entre deux points extrêmes, à deux kilomètres, au second étage… Plus loin, on peut même lire : « Amputé le même jour que son chef, atteint le même jour que lui à la tête, Ya-Bon se croyait destiné à toutes les mêmes épreuves, et il se réjouissait d’être deux fois blessé, comme il se fût réjoui de mourir en même temps que le capitaine Belval. » Enfin! j’arrête avec ce motif, sinon je pourrais en écrire un texte plus long que le roman lui-même.
5 juillet 2014 : Je viens de mettre en ligne de nouvelles réflexions, lisez-les en cliquant ici!