Située au 2587-A rue Masson à Montréal, la librairie Le Puits du Livre accueille les grands et petits lecteurs désireux de se procurer des livres à bas prix. Au comptoir ou dans les rayons, le libraire Sébastien Charron les guide vers leurs prochaines lectures. Je l’ai rencontré mardi le 9 septembre.
Dès l’enfance, M. Charron adorait la lecture. Il a commencé par lire beaucoup de bandes dessinées, puis s’est intéressé de plus en plus à la bibliothèque de ses parents. Son père possédait des livres de science-fiction tandis que sa mère, grande lectrice, possédait une grande collection de livres féministes, de romans et de textes philosophiques. Peu attiré par la science-fiction et les textes féministes, le jeune Sébastien trouvait son compte dans les romans appartenant à sa mère, en lisant une grande quantité. Vers l’âge de douze ans, il a commencé à lire des textes philosophiques, même s’il a dû attendre de les relire à l’âge adulte pour réellement les comprendre.
Pendant ses études, Sébastien Charron a songé à devenir journaliste, mais suite à l’obtention de son baccalauréat en communications, il est passé par plusieurs domaines d’emploi, dont l’arpentage et la photographie aérienne, avant de devenir libraire. Gérant-libraire du Puits du Livre depuis maintenant 7 ans, il affirme apprécier son emploi. Il aime être en contact avec la clientèle, mais aussi découvrir des livres rares ou anciens. Il ne sait jamais ce qui se cache dans une nouvelle caisse de livres!
En effet, en sa qualité de librairie communautaire, le Puits du Livre fonctionne grâce à des dons de livres. Sébastien Charron reçoit donc des boîtes pleines de livres à trier. Les ouvrages en mauvais état ou inutiles (contenant des informations dépassées, par exemple) sont envoyés au recyclage. Le libraire choisit parmi les autres quels volumes rejoindront les étalages de la librairie. Le reste est envoyé en Haïti.
Étant donné ses origines (la librairie est associée à l’Association des Rameurs Sans Frontières, organisme chrétien à but non lucratif), la librairie contenait à ses débuts environ 50 % de livres religieux, ce qui se vendait mal. Avec le temps, l’inventaire s’est adapté aux champs d’intérêts de la clientèle. Sébastien Charron explique que certains auteurs de fiction tels que Dany Laferrière, Jack Kerouac, Réjean Ducharme ou Guillaume Musso, se vendent toujours très bien, de même que certains auteurs de psycho-pop comme Eckhart Tolle. Bien sûr, d’autres ouvrages sont aussi, par vagues, très populaires. Par exemple, jusqu’au printemps dernier, la trilogie Hunger Games de Suzanne Collins était très en demande. Pour attirer différents clients à l’intérieur, M. Charron s’assure de mettre en vitrine des livres appartenant à des genres variés. Il souligne qu’il est important de ne pas juger les goûts de ses clients. Il doit leur rendre accessible ce qu’ils recherchent et non pas ce qu’il juge personnellement comme étant meilleur.
Parfois, les clients entrent dans la librairie sans idée précise de ce qu’ils veulent lire. Pour les conseiller, Sébastien Charron a tendance à leur demander ce qu’ils ont lu dernièrement et à leur proposer une œuvre d’un autre auteur, mais dans un genre similaire. Par exemple, un lecteur de Patrick Sénécal a de bonnes chances d’apprécier un roman de Stephen King.
La librairie propose également une petite sélection de vidéocassettes, un étalage de disques compacts et, malgré l’avancée du numérique, deux rangées de disques vinyle. En effet, mis à part quelques habitués qui conservent leur amour des disques, de moins en moins de gens en achètent, préférant se tourner vers les sites Internet de téléchargement. Certaines personnes s’inquiètent que les livres subissent le même sort, mais ce n’est pas le cas de Sébastien Charron. Il explique que, si le plaisir d’écouter de la musique est essentiellement auditif, le plaisir de lire est à la fois visuel et tactile. Selon lui, bien que le numérique soit un excellent support pour des textes théoriques ou scolaires, il ne remplacera jamais le contact du papier pour la lecture d’un roman ou d’un essai.
Lui-même apprécie tourner les pages, le soir, d’un roman, d’un essai sur l’actualité ou d’une biographie d’écrivain ou de personnage historique. Actuellement, il lit un roman policier d’Henning Mankell, mais les auteurs qui l’ont réellement marqué sont Romain Gary, Mikhaïl Boulgakov, Charles Bukowski et Thomas Bernhard.
Je remercie grandement Sébastien Charron de m’avoir accordé de son temps. Je vous reviens bientôt avec un article au sujet d’une autre libraire montréalaise, Ruth Stewart, propriétaire du Vieux Bouc.