99 pages. Peu d’encre sur chacune. Un tout petit livre. De courts vers. Cela suffit à Joséphine Bacon pour faire ressentir à ses lecteurs l’immensité des paysages nordiques, la force et la douceur de la nature, l’admiration devant la sagesse des aînés, la détresse due à l’enfermement, puis l’ivresse d’arpenter à nouveau des terres qui semblent infinies.
Je voyais l’horizon tout autour. Il n’y avait plus de murs, comme si j’étais dans l’espace, suspendue dans le temps.
(Prologue, page 7. BACON, Joséphine. Un thé dans la toundra/Nipishapui nete mushuat. 2013. Montréal : Mémoire d’encrier, 99 pages. Pour la suite de cet article, les lettres THÉ feront référence à cet ouvrage.)

Cliquez ici pour lire quelques pages de l’ouvrage
Un thé dans la toundra – Nipishapui nete mushuat se lit facilement d’une traite, comme dans un rêve, sans voir le temps passer. Joséphine Bacon est reconnue pour son talent et reprend plusieurs thèmes qu’elle a déjà abordés à de maintes reprises, pourtant sa plume continue de m’impressionner à chaque page. Je voulais partager avec vous mes passages préférés.
On m’arrache à ton silence
Tu ne racontes plus
Les couleurs de l’air
Je ne reconnais plus
Mes sœurs les vents
On m’apprend un Dieu
J’ai perdu l’horizon
Face à moi
Le Mur
(THÉ, page 20)
Ma vieillesse me parle
Mes jambes avancent vers la terre
Je ne trébuche pas
Lentement je fais le tour du lac
Une truite grise me dévisage
Elle sait que mon apprentissage
Émeut mon âme
À mon tour, je deviens une aînée
J’attends ta visite pour te raconter
Une histoire qui demeure
Dans les mémoires
(THÉ, page 30)
Toundra
Tu as vu naître ma famille
J’écoute ton cœur
Le tambour rythme ma vie
Je vis au présent le passé des ancêtres
Je sens les Maîtres des animaux
De mes grands-pères chasseurs
Les berceuses anciennes de mes grand-mères
Je lévite
Mes pas se laissent porter
Sur le lichen qui nourrit Papakassiku
Les fleurs se transforment en de petites baies
Aux couleurs rouges, jaunes
Le noir est le sommeil
qui donne forme à mes visions
La tradition orale rassure mes peurs
de blanc-mémoire
À la tombée du jour j’atteins le cercle de la vie
Je ne suis pas l’errante de la ville
Je suis la nomade de la Toundra
(THÉ, page 56)
Ma prière ressemble
À un acte de contrition
Je demande pardon
Aux Maîtres des animaux
J’ai omis de me lever
Quand on saccageait
Ton corps
On salissait tes veines
Face à ta colère
Nous sommes seuls
(THÉ, page 70)

Sur la page de gauche : texte en français / Sur la page de droite : texte en innu-aimun
Fidèle à elle-même, Joséphine Bacon offre ici un ouvrage bilingue innu-aimun / français. Ne lisant pas l’innu, je ne peux m’empêcher de me demander comment le vers «Il me tend une tasse d’écorce »(THÉ, page 66) peut correspondre, en innu, à un unique mot de neuf lettres, « Nipunamak »(THÉ, page 67). L’action de tendre une tasse d’écorce est-elle si courante qu’elle mérite son propre verbe, ou le mot « Nipunamak » n’est-il qu’un référent à un ou plusieurs éléments des vers précédents? Je l’ignore. Ce que je sais, par contre, c’est que je suis hypnotisée par les mots qui s’alignent devant mes yeux.
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À propos de emerancega
J'ai 25 ans, une collection de cubes Rubik et un amour inconditionnel pour la littérature.
Un thé dans la toundra
Je voyais l’horizon tout autour. Il n’y avait plus de murs, comme si j’étais dans l’espace, suspendue dans le temps.
(Prologue, page 7. BACON, Joséphine. Un thé dans la toundra/Nipishapui nete mushuat. 2013. Montréal : Mémoire d’encrier, 99 pages. Pour la suite de cet article, les lettres THÉ feront référence à cet ouvrage.)
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Un thé dans la toundra – Nipishapui nete mushuat se lit facilement d’une traite, comme dans un rêve, sans voir le temps passer. Joséphine Bacon est reconnue pour son talent et reprend plusieurs thèmes qu’elle a déjà abordés à de maintes reprises, pourtant sa plume continue de m’impressionner à chaque page. Je voulais partager avec vous mes passages préférés.
On m’arrache à ton silence
Tu ne racontes plus
Les couleurs de l’air
Je ne reconnais plus
Mes sœurs les vents
On m’apprend un Dieu
J’ai perdu l’horizon
Face à moi
Le Mur
(THÉ, page 20)
Ma vieillesse me parle
Mes jambes avancent vers la terre
Je ne trébuche pas
Lentement je fais le tour du lac
Une truite grise me dévisage
Elle sait que mon apprentissage
Émeut mon âme
À mon tour, je deviens une aînée
J’attends ta visite pour te raconter
Une histoire qui demeure
Dans les mémoires
(THÉ, page 30)
Toundra
Tu as vu naître ma famille
J’écoute ton cœur
Le tambour rythme ma vie
Je vis au présent le passé des ancêtres
Je sens les Maîtres des animaux
De mes grands-pères chasseurs
Les berceuses anciennes de mes grand-mères
Je lévite
Mes pas se laissent porter
Sur le lichen qui nourrit Papakassiku
Les fleurs se transforment en de petites baies
Aux couleurs rouges, jaunes
Le noir est le sommeil
qui donne forme à mes visions
La tradition orale rassure mes peurs
de blanc-mémoire
À la tombée du jour j’atteins le cercle de la vie
Je ne suis pas l’errante de la ville
Je suis la nomade de la Toundra
(THÉ, page 56)
Ma prière ressemble
À un acte de contrition
Je demande pardon
Aux Maîtres des animaux
J’ai omis de me lever
Quand on saccageait
Ton corps
On salissait tes veines
Face à ta colère
Nous sommes seuls
(THÉ, page 70)
Sur la page de gauche : texte en français / Sur la page de droite : texte en innu-aimun
Fidèle à elle-même, Joséphine Bacon offre ici un ouvrage bilingue innu-aimun / français. Ne lisant pas l’innu, je ne peux m’empêcher de me demander comment le vers «Il me tend une tasse d’écorce »(THÉ, page 66) peut correspondre, en innu, à un unique mot de neuf lettres, « Nipunamak »(THÉ, page 67). L’action de tendre une tasse d’écorce est-elle si courante qu’elle mérite son propre verbe, ou le mot « Nipunamak » n’est-il qu’un référent à un ou plusieurs éléments des vers précédents? Je l’ignore. Ce que je sais, par contre, c’est que je suis hypnotisée par les mots qui s’alignent devant mes yeux.
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