Le Stock Bar est un bar de danseurs nus pour hommes. Je n’aurais jamais cru y entrer un jour, mais ce lundi l’établissement prêtait gracieusement sa scène à un récital de poésie. Organisée par le journaliste et écrivain Denis-Martin Chabot, la soirée mettait en vedette deux grands noms : Nicole Brossard et Jean-Paul Daoust.
Nicole Brossard (à mes côtés ci-contre), poète, romancière, essayiste et féministe engagée, est une valeur sûre pour un récital de poésie. Avec plus de trente titres publiés, elle a toujours un poème ou un extrait de roman qui soit d’occasion. Qu’ils s’agisse de poèmes érotiques lesbiens publiés dans les années 1980 ou d’un passage de son roman La capture du sombre, c’est un plaisir de l’entendre prononcer chaque syllabe. Ma préférence personnelle va à ses textes écrits avec contraintes (tirés du recueil Après les mots, paru en 2007). Elle explique qu’écrire avec une contrainte, c’est aussi contraignant que de se baigner dans la mer plutôt que dans une piscine. Autrement dit, ça donne accès à beaucoup plus!
Le seul défaut que l’on peut trouver à Nicole Brossard, c’est d’être un peu statique. C’est là qu’intervient Jean-Paul Daoust (à mes côtés ci-contre). J’apprécie légèrement moins ses poèmes que ceux de Brossard, mais il a le sens du spectacle. Son humour est parfaitement adapté à la récitation sur scène. Ses poèmes, quoique souvent inégaux, sont excusés de leurs vers un peu entendus grâce à la quantité de perles qu’ils contiennent. Les vers bien formulés, les vers humoristiques accrochent l’attention et ponctuent la récitation de sourires et de rires, à condition bien sûr de ne pas être choqué par des vers provocants comme « Quoi de plus québécois que l’inceste? » ou encore « Ton sexe est ma fusée décapotable ». Je cite ces vers isolés et ils me semblent soudain plus provocants, car accompagnés de leurs strophes respectives ils se fondent dans le sens du poème auquel ils appartiennent. Si Jean-Paul Daoust sait manier l’humour et la provocation, il sait également faire preuve d’une grande sensibilité. Je songe en particulier à son oeuvre Les cendres bleues, inspirée par les abus sexuels dont il a été victime pendant son enfance. « Il y a des romans qu’on n’a pas le choix d’écrire, sinon on n’avance pas, » affirme-t-il.
Lundi soir, cinquante personnes ont eu la chance d’écouter puis de rencontrer les poètes Jean-Paul Daoust et Nicole Brossard. L’auteur et journaliste Denis-Martin Chabot (ci-contre) est à remercier pour l’animation et l’organisation de cette
belle soirée de poésie. C’est la troisième édition de la Fierté Littéraire, et ce n’est pas terminé: il y aura d’autres événements d’ici samedi le 17 août 2014.
Cliquez ici pour lire mon compte-rendu de la table ronde du 12 août.
extraordinaire post, merci bien.
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